Tunisie : « Hannibal », une plateforme (technologie du blockchain) vise le contrôle des transferts des devises hors du circuit bancaire.
La CTAF (Commission Tunisienne des Analyses Financières) qui relève de la BCT (la Banque Centrale de Tunisie) révèle que 42% des entrées des devises qui entrent en Tunisie ne passe pas par le système bancaire<br /> <br />
1er mars 2021 à 11h27 par Tarek MAMI
Lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme
Lotfi Hchicha, secrétaire général de la CTAF vient de confirmer officiellement ce que tous les tunisiens savent de longue date, près de la moitié des transferts des devises qui entrent en Tunisie n’empruntent pas les circuits bancaires, mais passent par des circuits parallèles. Pour Monsieur Hchicha “Il s’agit d’une part énorme, essentiellement composée de l’épargne des TRE (Tunisiens Résidents à l’Étranger), a précisé le secrétaire général. Et d’ajouter, que ces sommes en devises sont “transférées via le marché parallèle ou servent à financer des projets douteux”.
HANNIBAL contre le transfert des devises hors des circuits bancaires
Pour Monsieur Hchicha, c’est donc pour tenter de lutter contre cette fraude massive que la Tunisie a décidé de lancer, début mars, une plateforme baptisée « Hannibal », nom empruntée au célèbre général carthaginois (247 av JC à Carthage – 181 av JC en Turquie). Cette plateforme, basée sur la technologie du « blockchain », supervisée par les services du ministère de l’intérieur, de la douane, de la poste et des banques tunisiennes, sous la supervision du CTAF, vise à contrôle, en permanence, les flux des transferts des devises à travers les postes frontaliers tunisiens aériens, maritimes et terrestres.
De son coté, Monsieur Marouane Abbassi, Gouverneur de la BCT, déclare que plateforme « Hannibal » permettra de faire face au « blanchiment d’argent, au financement du terrorisme et de limiter la circulation de la devise dans les circuits parallèles », par le recueil et l’échange d’informations, en temps réel, à des fins de contrôle des flux physiques de billets de banque étrangers, à travers le territoire tunisien, et espère que ce projet permettra d’avoir « une idée précise » sur la valeur totale des devises importées et non régularisées, conformément à la réglementation des changes en vigueur.
HANNIBAL avec le soutien de l’union européenne
Pour Marcus Cornaro, Ambassadeur de l’Union Européenne en Tunisie, soutient la coopération Tunisie – Union Européenne pour lutter contre le blanchiment d’argent, et indique que l’UE a accordé un soutien financier pour soutenir le programme de « lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme » qui sont des menaces mondiales que l’UE est déterminée à combattre avec ses partenaires internationaux.
Inscription et retrait de la Tunisie de la liste « Blanchiment d’argent » de l’union européenne des pays.
Pour rappel, la Tunisie a été classée par l’union européenne dans la liste des pays « paradis fiscaux » », en décembre 2017, puis inscrite le 7 février 2018 sur la liste des pays exposés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme, mis sous la surveillance du groupe d’action financière (GAFI) pour soupçon de blanchiment d’argent. Par la suite, elle a été retirée de la liste dite LBC/FT (Lutte anti-blanchiment /Financement du Terrorisme), le 7 mai 2020, retrait confirmé par un communiqué publié vendredi 19 juin 2020 par le ministère des Affaires étrangères. Ainsi, la Tunisie a été définitivement retirée de la liste actualisée de l’Union européenne des pays tiers présentant des carences stratégiques dans leurs dispositifs de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.