Les musulmans mobilisés contre un dévoiement de la laïcité
28 janvier 2019 à 21h51 par Anadolu Agency
La plateforme "L.E.S. Musulmans" a dénoncé jeudi dans un communiqué une « compréhension abusive de la laïcité », en réaction aux propos du ministre français de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer qui projette d’étendre l’interdiction du port des signes religieux au Service National Universel (SNU).
Nous nous opposons aux positions d’un gouvernement qui souhaite limiter la liberté religieuse de nos enfants et imposer un contrôle idéologique sur eux à travers des discriminations illégales et irrespectueuses du principe de laïcité, de sa compréhension et de son application
Nous nous opposons aux positions d’un gouvernement qui souhaite limiter la liberté religieuse de nos enfants et imposer un contrôle idéologique sur eux à travers des discriminations illégales et irrespectueuses du principe de laïcité, de sa compréhension et de son application
Le SNU, qui doit durer un mois, dont 15 jours obligatoires en internat pour tous les jeunes français (âgés d’environ 16 ans) doit être instauré dans les prochains mois par le gouvernement français.
La polémique a débuté mardi, après la publication par la presse française, du contenu d’un rapport commandé en novembre dernier à l’Observatoire de la laïcité et qui vise à énoncer la manière dont doit être appliquée la laïcité durant le SNU.
L'Observatoire, dirigée par Jean-Louis Bianco, y a rappelé des principes de droits fondamentaux.
Il indique que les signes religieux doivent pouvoir être autorisés durant le SNU, conformément à la loi, dans la mesure où les élèves doivent être considérés comme des usagers.
La loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostentatoires au sein des établissements scolaires ne peut donc pas s’appliquer aux jeunes français appelés pour le SNU.
Interrogé mardi sur la chaîne I24News, à propos des rappels effectués par l’Observatoire de la laïcité, le ministre de l’Education nationale a déclaré : « c’est une recommandation que je ne suivrai pas ».
Les réactions ont été très vives dans les rangs des musulmans.
De nombreux internautes ont publié des messages sur les réseaux sociaux, s’inquiétant, notamment, du fait que les jeunes filles voilées soient victimes d’une nouvelle mesure les privant de leur droit de porter le foulard.
« Il est fondamentalement dangereux et nocif pour la cohésion sociale de redéfinir le principe de laïcité en l’étendant à la société civile, et d’envisager des restrictions qui remettent sérieusement en question la neutralité de l’État », écrit la plateforme L.E.S. Musulmans dans son communiqué.
Ses auteurs s’opposent « formellement aux positions d’un gouvernement qui souhaite limiter la liberté religieuse des enfants et imposer un contrôle idéologique sur eux à travers des discriminations illégales et irrespectueuses du principe de laïcité, de sa compréhension et de son application ».
L’écrit, qui a été partagé des centaines de fois sur les réseaux sociaux, appelle le « gouvernement à la prudence et à la retenue face à la radicalisation et au durcissement du principe de laïcité portés par ses dirigeants dans les discours publics ».
L’observatoire de la laïcité a, lui aussi, publié un communiqué de presse pour expliquer clairement le contenu de son rapport.
Ses travaux se bornent « à rappeler le cadre du droit positif », explique l’observatoire, avant de préciser qu’il a toutefois fait mention de la possibilité « pour le législateur, de prévoir un texte particulier pour imposer l’encadrement du port des signes religieux », pendant la période d’internat du SNU.
Pour rappel, la plateforme "L. E. S. Musulmans" est une structure créée en 2018 regroupant des centaines d’associations, mosquées, imams et particuliers. Elle vise à se structurer en répondant aux besoins des musulmans.