Oman lance sa politique du train  

Le voyageur qui part à la découverte du sultanat de Oman doit choisir entre l’avion et la route pour entreprendre son voyage et sa découverte du pays. En effet, Oman ne possède actuellement aucune infrastructure ferroviaire. Mais comme jamais deux, sans trois, le sultanat qui « cogite » depuis 2014, lance sa politique du train. Pragmatique et pratiquant le fameux adage « zéro problème avec ses voisins », Oman semble s’inspirer du principe de Napoléon 1er qui proclame que « Tout État fait la politique de sa géographie. »

Publié : 1er octobre 2022 à 22h25 par Tarek MAMI

MUSCAT - OMAN

Crédit : MUSCAT - OMAN

Un projet ambitieux


 La société nationale des chemins de fer d’Oman (Oman Rail Co), a été créé en 2014.  Il s’agit d’une société publique chargée de mettre en place et de réaliser la politique du transport ferroviaire du sultanat. Propriété du gouvernement, cette société relève des prérogatives du ministère du transport et des communications. Dès sa création la société lance un appel d’offres international pour réaliser les travaux de la première phase de construction de la ligne ferroviaire Sohar-Al Buraymi, composée de trois tronçons de 171 km, destinés à relier le port de Sohar à Buraymi à la frontière d’Oman avec les Émirats Arabes Unis. Ce projet d’envergure, s’inscrit, alors, dans un vaste projet de construction d’un réseau national ferré à Oman de 2 244 km, composé de double-voie, avec une vitesse de 220 km/h, pour les voyageurs, et de 120 km/h pour le fret de marchandises. Le tout étant programmé en neuf phases, avec la réalisation de 46 gares, et 9 terminaux intermodaux, avec des locomotives qui commenceront à fonctionner au diesel, avant d’être électrifiées, par la suite. Écologie et préservation de l’environnent obligent. Les travaux de cette phase inaugurale de construction devaient débuter en 2015 pour s’achever en 2018. Des contre-techniques et la crise universelle du Covid 19 ont retardés ces échéances.


De l’idée à sa concrétisation, en partenariat avec les Émirats


 Loin de la mythique ligne du chemin de fer « Al Hijaz » destinée à relier Damas (Syrie) à Médine (Arabie Saoudite), construite par les Ottomans, et détruite par des tribus arabes à l’instigation des (colons) anglais, sous la férule di fantasque Lawrence d’Arabie, le projet ferroviaire d’Oman s’engage sur les bons rails, pour devenir une réalité intérieure, et la dépasser pour sortir de ses frontières et fixer son terminus à Abu Dhabi, capitale des Émirats Arabes Unis.


En effet, c’est par communiqué de presse, publié le 28 septembre (2022) que les deux compagnies Oman Rail pour Oman, et Etihad Rail pour les Émirats annoncent leur accord partenariat pour la construction d’une ligne ferroviaire qui relie le port omanais de Sohar à la capitale des Émirats Arabes Unis, pour un montant de trois milliards de dollars. L'accord a été signé à l’occasion de la visite du président des Émirats, Cheikh Mohammed ben Zayed, dans la capitale omanaise, Mascate.


Le texte du communiqué commun des deux compagnies ferroviaires annonce la signature d’un accord joint-venture pour la création d’une co-entreprise pour « concevoir, développer, et opérer une voie ferrée connectant le port de Sohar dans le nord du sultanat au réseau national émirati », en cours de construction.


Détenue à parts égales par les deux opérateurs ferroviaires nationaux, Oman Rai -Etihad - Rail Company, la co-entreprise disposera d’un budget de trois milliards de dollars (environ 3.1 milliards d’euros), précise le texte.


Une ligne de 330 Kilomètres de Sohar à Abou Dhabi


Les chiffres sont étourdissants pour un pays vierge de toute histoire ferroviaire. Les voyageurs du train de cette nouvelle ligne ferroviaire mettront 47 minutes pour parcourir la distance 140 Kilomètres qui sépare Sohar à Al Ain, contre 2 heures en voiture et 1 heure 40 minutes pour parcourir les 332 Kilomètres (de route) qui sépare Shohar et Abu Dhabi, contre 3 heures 30 en voiture. Située à 200 km au nord de Mascate, Sohar abrite une importante zone industrielle et un port géré en partenariat avec celui de Rotterdam.


Toujours plus loin


 Le projet omanais vise, à terme, dans le cadre du projet du « Gulf Railway », à faire partie du réseau ferroviaire régional destiné à relier les six pays arabes du Golfe : l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, le Koweït, Bahreïn et Oman. Mais si les plans actuels de développement de la politique ferroviaire d’Oman s’inscrivent, outre sa politique intérieure, dans le cadre projet de Gulf Railway, ses plans futurs lorgnent le Yémen, pays non-membre des six pays du conseil de coopération des pays du golfe, la compagnie ferroviaire omanaise prévoit à terme de relier les trois ports en eau profonde, du sultanat, (Sohar, Salalah, Duqm) aux zones industrielles, commerciales et résidentielles du pays.


Oman envisage, ainsi, à terme, l'extension de son réseau, pour construire des lignes qui traversent ses vastes étendues de désert dans le centre du pays via Haima , avec une branche vers le sud à Al Duqm, et plus tard pour atteindre la frontière yéménite, et avec une autre branche à Salalah . La dernière phase du réseau ferroviaire prévoit, enfin une ligne sud-nord via Al Duqm vers Muscat et Sohar, de manière à mailler tout le territoire national.


 


Pour aller plus loin


https://www.omanrail.om/                             

Frontières Emirats Arabes Unis et Oman

Crédit : LDD