Les plateformes de livraison font-elles travailler des mineurs?

UberEats, Deliveroo, ou encore Stuart, ont révolutionné le monde de la livraison de repas. En quelques clics, vous pouvez commander votre nourriture, payer en ligne et vous faire livrer au pas de la porte. Que demander de plus?

6 mai 2019 à 10h56 par Feiza Ben Mohamed

Le vernis reluisant de ces start-up innovantes cache pourtant une réalité bien moins glorieuse.



Si officiellement les plateformes de livraison n’ont recours qu’à des livreurs majeurs, le journal Libération a publié dimanche une enquête montrant que ces entreprises sont loin d’être regardantes sur les règles en vigueur.



Ainsi, de nombreux jeunes mineurs âgés parfois de moins de 16 ans, délaissent leurs études pour se mettre à livrer.



« Cela fait déjà deux ans que je fais ça, j’ai commencé à 16 ans » explique Abdel, dans les colonnes de Libé avant de développer « tout le monde fait ça. Dans mon groupe de potes, on est quatre ou cinq à avoir commencé à 15 ou 16 ans ».



Avec des revenus pouvant aller, de son propre aveux, jusqu’à 600 euros par semaine, ce jeune élève de Terminale S, reconnaît que ses résultats scolaires sont en chute libre et qu’il néglige ses études au profit de son job, aussi précaire soit-il.



Pour Charlotte, professeure de Seine-Saint-Denis « Uber, est une plaie pour nous, ça attire nos élèves. Et certains tombent dans le piège ».



Elle affirme que « c’est une manne qui semble facile, sauf que ça empiète sur leur scolarité, cela vient même en concurrence avec le lycée ».



La réalité est pire encore. Libération a recueilli le témoignage d’un anonyme, qui sous-loue des comptes de livreurs pour permettre de ne pas travailler sous sa vraie identité.



L’un d’entre eux raconte que « sur 97 sous-loués ou créés chez Uber, Deliveroo et Stuart, je pense que 20 comptes environ étaient destinés à des mineurs ».



Contacté par Libé, UberEats a répondu: « des pratiques de location de comptes illégale nous ont été récemment signalées. Nous avons mis en place des processus de vérification que nous améliorons en permanence, avec notamment un système de reconnaissance faciale. Chaque coursier devra se prendre en photo pour se connecter à son compte ».