La liberté d’expression et l’article 24 de la loi sécurité globale
La liberté d'expression est au c-ur de la démocratie et de la République, son principe est : la liberté ! sa limite c'est : la loi ! Sous le regard des tribunaux qui valident l'expression mise en cause ou pas, toujours à titre ponctuel, et pour la circonstance concernée. C'est la vieille loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse qui fait donc office de juge de paix à travers sa lecture au cas par cas par les juges.
Publié : 30 novembre 2020 à 13h12 par Tarek MAMI
Marche des libertés, à Paris, le 28 novembre 2020 contre la loi "sécurité globale"
Crédit : France Maghreb 2
Liberté d’expression, polémiques foulard islamique et caricatures de Charlie Hebdo
Ce principe de liberté d’expression est à la base des polémiques notamment autour du foulard islamique et des caricatures publiées par Charlie Hebdo à deux reprises, caricatures faut-il le rappeler ne sont pas des dessins produits par cet hebdomadaire mais par un journal danois, dont le contexte culturel est différent de celui de la France.
Il faut rappeler que Charlie hebdo est héritier d’un précédent journal qui s’appelait Hara-Kiri et dont le numéro réservé à la mort du General de Gaulle a été interdit à la vente aux mineurs. Il faut aussi rappeler que ce journal satirique Charlie hebdo qui a publié entre autres, à deux reprises, des caricatures du prophète de l’islam, et une caricature du président Turc Erdogan avec sa connotation islamique en pleine polémique sur ces caricatures ne semblent pas apprécier la liberté d’expression dans son sens le plus large, puisqu’il a licencié son propre dessinateur caricaturiste SINE qui a produit pour Charlie hebdo une caricature relative à la conversion à la religion juive du fils de l’ancien président Nicolas Sarkozy, conversion à la religion juive, effectuée, pour pouvoir épouser l’héritière de la famille Darty.
Il faut surtout rappeler que la publication des caricatures du prophète de l’islam par Charlie hebdo a entraînée le meurtre d’une grande partie de la rédaction de ce journal dans un acte terroriste qui marque l’histoire de la presse française, acte terroriste perpétrée par les frères Kouachi. La liberté de presse traverse toute cette actualité. Le président de la République lui-même la sanctifie dans ses différents discours et interviews.
L’article 24 et la loi sur la liberté de la presse de 1881
C’est dans ce contexte et alors que tout le monde sanctifie cette liberté de la presse, la glorifie et en fait le principe cardinal de la démocratie et de la république française que le gouvernement se mélange les pieds dans le tapis et met à l’ordre du jour une nouvelle loi dite loi sécurité globale, une loi patchwork fourre-tout dont l’article 24 qui devrait être intégrée à la loi sur la liberté de la presse de 1981 vise à encadrer la diffusion d'images des forces de l'ordre.
L’article 24 prévoit : « Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police.
Cet article soulève une grande opposition bien compréhensible. Elle nous fait passer de l’acte accompli qui mérite sanction ou pas à l’analyse de l’intention de l’acte. Quand un citoyen filme une scène à laquelle il assiste, et encore plus grave, un journaliste qui filme une scène à laquelle il assiste, ils ne le font pas pour dénoncer un homme, un policier, un gendarme, ou un militaire, mais ils le font pour faire connaitre l’acte de cet homme. Libre à lui de faire son travail de "répression" exercée au nom du monopole de la violence détenue par l’État, dans le respect de la légalité et de la déontologie de sa profession. Comme tout un chacun, dans son métier.
L’article 24 de la loi sécurité globale est liberticide
Cet article 24 de la loi sécurité globale est liberticide pour tous les citoyens et répressive pour la presse. Elle en sera, si elle est votée par le parlement et validée par le conseil constitutionnel, la camisole des journalistes qui leur imposera de fait, une autocensure dans leur travail. La mission des journalistes passera d’informer, image à l’appui à dissimuler ce qu'ils savent parce qu’ils ne pourraient plus le prouver image à l’appui. Pour faire politique le gouvernement doit reconnaitre que cet article vise à cacher à escamoter les violences policières devenues la règle des relations sociale entre les français et leur police.
Le gouvernement casse le thermomètre, au lieu de soigner la Fièvre
Le gouvernement sans doute tétanisé par l’épisode «Gilets Jaunes» et craignant une nouvelle flambée de contestations sociales, avec ou sans gilets jaunes, après la levée du confinement, se trompe de route. Au lieu de se poser la question de la gestion démocratique de la police et de ses violences à l’envers des citoyens, violences policières qui deviennent quotidiennes et touchent toutes les couches sociales du pays et tous les territoires et non plus seulement les jeunes des banlieues et les quartiers dits difficiles, au lieu d’être fermes avec les policiers, de mettre à pieds d’Office les policiers violents et de les faire sanctionner, au lieu de dissoudre l’IGPN la police des polices qui se révélé être juge et partie. Le gouvernement fait donc le choix de casser le thermomètre au lieu de soigner la Fièvre.
Tarek Mami Journaliste – Directeur de France Maghreb 2