L’opposition dénonce une candidature « humiliante » de Bouteflika

Le fondateur du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) Saïd Sadi a vigoureusement dénoncé l'annonce de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat dans un texte publié sur son compte Facebook.

14 février 2019 à 15h55 par Feiza Ben Mohamed

Intitulée « l’épreuve de la vérité », cette longue tribune dresse un état des lieux alarmants dans lequel il revient sur ce qui pourrait mener l’Algérie des troubles. 


Said Said explique que pour « justifier une candidature fantasque et humiliante, pour lui-même et la nation, le président à vie n’a rien trouvé de mieux que de proclamer son ralliement à l’idée de procéder aux réformes de fond préconisées par l’opposition démocratique qu’il a combattues pendant vingt ans d’un règne que paieront, dans le meilleur des cas, deux sinon trois générations. »


Il met en garde et regrette que le pays puisse devenir « une réplique africaine du Venezuela dont un chef d’Etat, ivre de son pouvoir et ignorant la détresse de son peuple, a fini par provoquer la mise sous tutelle de son pays ».


Saïd Said attribue les difficultés de l’Algérie à un « système oligarchique (qui) a confisqué, avant de les épuiser, les ressources morales, humaines et physiques du pays. »


Si le texte est relativement virulent envers le pouvoir en place, il pointe toutefois certains dysfonctionnements indéniables. 


« L’impasse algérienne n’est pas seulement angoissante par sa profondeur, sa complexité et ses implications, elle est aliénante par le fait que la domestication culturelle et politique des élites interdit la réflexion en dehors de la domestication culturelle », affirme le fondateur du RCD. 


Il considère notamment que l’Algérie se compose d’un « chef d’Etat inaudible et invisible, un Conseil de la nation sans président, une assemblée nationale cornaquée par un putschiste, une présidence du Conseil constitutionnel vacante et… un chef d’état-major qui jurait ne pas vouloir faire de politique ».


Pour rappel, le président Abdelaziz Bouteflika est à la tête du pays depuis 1999 et souffre de sequelles depuis un AVC survenu 2013. Depuis, il est apparu en public à très peu d’occasions et sa parole se fait très rare. 


Il a officiellement annoncé dimanche sa candidature à un cinquième mandat en dépit de son état de santé, créant l’émoi dans tout le pays.