L'Oeil d'Élise _ Cancer du sein : entre inégalités et injustices. #4

L'Oeil d'Élise par Élise Saint-Jullian, une chronique du magazine Parler Femmes. À retrouver en podcast sur notre site internet et en direct tous les dimanches entre 16h et 18h sur les ondes de France Maghreb 2.

7 octobre 2019 à 3h56 par à‰lise Saint-Jullian

Crédit : Magic Maman

 



Il y a tout juste 20 ans, début octobre 1999, ma grand-mère décédait d’un cancer du sein. Injuste de mourir à 60 ans seulement. Mais à l’époque les campagnes de dépistage étaient moins répandues. Et aujourd’hui grâce aux progrès de la recherche, 87% des patientes sont toujours en vie, plusieurs années après le diagnostic. 



Mais si la sensibilisation autour du cancer du sein est de plus en plus importante, des inégalités sociales et injustices, perdurent. C’est ce que raconte sur sa page Facebook Christel Balm, en rémission. Elle explique tous les frais financiers à supporter en plus des effets secondaires de la maladie. 



Un pot de crème pour les brûlures à 18 euros, des vernis pour éviter que les ongles ne noircissent, et tombent à 5 euros le flacon, les gels douches hypoallergéniques à 15 euros, les soutiens-gorge sans armature à porter après sa mastectomie à 56 euros… Au total, elle l’a calculé, il faut débourser entre 500 et 800 euros par période de traitement.  



A cela s’ajoutent les perruques, dont les premiers prix en cheveux synthétiques ne sont pas à moins de 500 euros. Beaucoup de patientes qui n'ont pas les moyens se voient alors contraintes  de choisir des perruques peu adaptées ou peu confortables. Des prothèses capillaires qui ne sont pourtant pas un luxe, mais un moyen de se maintenir dans l’emploi, d’avoir une vie sociale…



Heureusement les choses bougent un peu. Désormais, les perruques en synthétiques seront mieux remboursées, à hauteur de 350 euros au lieu des 125 euros jusqu’à présent pris en charge par la sécurité sociale. Mais plus aucun remboursement n'est prévu pour les perruques en cheveux naturels, allant de 700 à 2000 euros. Une « nouvelle inégalité face à la maladie » que dénonce la Ligue contre le cancer. 



L’association Rose, a également lancé une pétition en 2018, demandant le remboursement des médicaments post cancers du sein, qui facilitent la sexualité des femmes. Une question d’égalité puisque les traitements des hommes ayant souffert d’un cancer de la prostate eux, sont pris en charge. « Une sexualité retrouvée et épanouie ne devrait pas être considérée comme du confort » souligne une signataire de la pétition. 



Enfin il y a quelques mois un reportage de l’AFP en Algérie, rapportait les témoignages de femmes injustement rejetées par leurs maris après une ablation du sein, devenues pour eux à moitié femmes. Mais en France aussi l’injonction est malheureusement souvent la même : il faut continuer à plaire et rester en conformité avec l’image de la femme attendue par la société. 


 


Certaines s’en libèrent et c’est tant mieux. Dans le livre "Les cheveux dont je rêvais » de Marjorie Jacquet, celle-ci écrit à propos de sa rémission : « J'aime toujours me mettre en valeur, mais ma féminité ne passe plus par la séduction, elle passe par ma capacité à entreprendre, à mener ma vie comme je l'entends, à me sentir en paix avec moi-même. »




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