AFRIQUE COVID-19 LE DOCTEUR Sayavé Gnoumou promeut la telemedecine

Mr Sayavé Gnoumou est chirurgien, expert-Union africaine en télémédecine et président du Conseil médical de la société Nazounki qui fait dans suivi à international des patients. La pandémie du Covid-19 confine la planète entière depuis plusieurs mois maintenant. Partie de Chine, en décembre 2019, elle est arrivée en Afrique en dernier lieu.

9 avril 2020 à 22h00 par Tarek Mami

Dr Sayavé Gnoumou

Crédit : Google images

Que sait-on aujourd'hui des causes et symptômes de cette pandémie et comment s'en prévenir ?


Le COVID-19 est proche SRAS 2002-2003. Le responsable est donc issu d’une famille de Coronavirus connue, mais qui a un comportement bien différent de tous les membres de sa famille.


Comment cela est-il arrivé? Difficile à dire, le SARAS COV qui a provoqué une épidémie en 2002 - 2003, est dû à un coronavirus qui avait pour réservoir la chauve-souris. Il est parti de la chauve-souris, est passé par la civette palmiste masquée, pour pouvoir s’attaquer à l’homme, le virus dans sa forme actuelle a-t-il suivi le même trajet? A-t-il muté au contact de l’humain ? Est-il le produit d’une manipulation à partir duquel il se serait échappé ?


Les signes qui permettent de le suspecter e tous les signes grippaux (fatigue, courbatures, rhume, Maux de tête, de ventre, fièvre, la perte d’odorat et du goût semble confirmer quasiment le COVID-19. D’autres signes alertent sur des complications imminentes. Ils semblent surtout cardio-respiratoires. Ces fonctions vitales (respiratoire, circulatoire) compromises vont entrainer la mort.


Comment l’éviter.


Notre organisme dispose naturellement de moyens


1- Une barrière efficace contre les microbes: c’est la peau, mais le virus peut passer par les orifices naturels qui sont des portes de sorties et/ou d’entrées: bouche, pour accéder au tube digestif par exemple, les voies nasales, pour accéder au système respiratoire, etc.



  • Des orifices accidentels existent: lésion cutanée visible ou invisible à l’œil nu, mais qui constituera une porte béante pour un virus par exemple. (VIH par exemple)


2- D’une armée extrêmement organisée et sophistiquée avec des spécialités diverses qui sont nos anticorps. Les virus s’adapent à leurs milieux jusqu’à modifier leur structure interne.


Ainsi pour lui échapper il faut donc



  • Nettoyer toutes les surfaces et la peau, en insistant sur les mains (susceptible de porter le virus). On sait que la paroi du virus est composée de substances graisseuses qui sont détruites par le savon.

  • Éviter de projeter des cellules (parler, éternuer, respirer) en face d’autres personnes. (Intérêt du masque chirurgical FFP1: Il va bloquer les projections des voies aériennes et de la salive de celui qui le porte)

  • Éviter de recevoir des cellules infectées dans les orifices naturels: (Masque FFP2: Masque facial filtrant: protégeant celui qui le porte, d’inhaler des projections).

  • On comprend donc les mesures de confinement d’interdiction de rassemblement discussions ou de rencontres diverses, qui permettent d’éviter la propagation.


L'Afrique est elle aussi frappée, certes tardivement, par le Covid-19. Quand on voit les ravages que ce virus fait, en Asie, en Europe, aux États-Unis. Comment l'Afrique, qui a un peu plus de recul que les autres continents, par rapport à cet ennemi invisible, doit-elle s'y prendre pour protéger les populations?


L’Afrique a un avantage, c’est celui d’apprendre des autres qui ont été victimes avant lui.


Les Mesures de confinement en Chine ont fait leurs preuves.


En Europe, malgré ces mesures, le virus est plus dévastateur. Cela selon les experts serait dû au fait que les mesures de confinement en Europe sont moins strictes qu’en Chine.


Le secteur informel est important en Afrique. Il conviendra alors :



  • De définir les activités vitales, et prendre les mesures et les règles pour que ces activités puissent se poursuivre, dans une sécurité maximale ;

  • De prévoir des mécanismes de compensations d’aides et de solidarité ;

  • Le secteur informel en Asie est probablement plus important qu’en Afrique. La solidarité a toujours existé dans nos sociétés, même si elle avait tendance à disparaitre. C’est le moment de raviver cette valeur sociale.


L’Afrique doit donc appliquer avec rigueur les mesures de confinement. Elle doit également développer des initiatives pour produire localement certains outils (masque, gel…).


On a l'impression que la lutte contre ce virus s'accélère sur fond de course à la recherche du traitement et d'un vaccin. Où en est-on sur ce point ?


Au niveau du traitement:



  • En Afrique, la chloroquine a été consommée des milliards de fois pendant plus de 50 ans et elle semble avoir un effet positif pour le traitement du COVID-19.


Je suis content qu’en Afrique certains pays aient décidé de l’utiliser et même de le produire. L’attitude qui consiste à attendre (ou de réaliser) une étude de recherche clinique dans les protocoles scientifiques habituels avant de le valider est pour moi, une attitude fondamentaliste. En effet, on se retrouve un dilemme entre l’Éthique et la science.


J’espère seulement que cela servira à nous rendre tous plus modestes plus sociaux et à réaliser que nous vivons tous dans la même maison, et que la tempête n’épargnera personne.