L’incitation au génocide à l’encontre des palestiniens provoque une controverse généralisée.

Une actrice libanaise appelle à l'extermination des réfugiés palestiniens au Liban en les faisant brûler, comme en leur temps les victimes de l'Holocauste, dans les fours d'Hitler. Les réfugiés palestiniens considérés comme des étrangers « résidents temporaires » vivent toujours dans des camps fermés et sont étroitement surveillés par l'armée libanaise. Retour sur des propos chocs suite aux manifestations, aux airs d'Intifada, des réfugiés palestiniens au pays du Cèdre.

25 octobre 2019 à 6h51 par La rédaction

Soha Kikano, actrice libanaise

Crédit : Str/picture-alliance/dpa/AP Images


L’actrice libanaise Soha Kikano, récompensée pour son rôle dans la série Wajaa el-Rouh par les Delta Awards qui honorent chaque année une trentaine de personnalités du Liban et du monde arabe , révèle sur twitter sa haine des réfugiés palestiniens. Sans aucun tabou, elle énumère les mesures nécessaires pour « s’en débarrasser ».


« Qu’ils soient aveuglés. »


Sa folie aveugle, elle, atteint le paroxysme de l’horreur quand elle appelle à les brûler dans les fours d’Hitler. Dans une ignoble tentative de déshumanisation, elle va jusque les comparer à des "monstres qui se déchainent" et ajoute que les Palestiniens " travaillaient sans loi". Quel est le crime dont se sont rendus coupables les manifestants à Sidon selon Soha Kikano ? Protester contre l’application des clauses du codes du travail relatives à la main d’œuvre étrangère.


Camille Abousleiman, ministre du travail et un des représentants des Forces libanaises, l’ancienne milice de la droite chrétienne pendant la guerre civile, à l’origine de cette décision, a tenté de calmer l’embrasement de la fronde aux airs d'intifada tout en veillant à soigner à son image à l’international. Dans une « lettre ouverte » adressée à l’Orient-Jour, premier quotidien francophone au Liban, il souligne que des permis de travail seraient octroyés gratuitement aux réfugiés palestiniens et en promettant de leur accorder des délais suffisants pour se conformer aux lois libanaises. Des centaines de réfugiés palestiniens ont à nouveau manifesté ce 2 août dans les camps situés à Tyr, au Liban-Sud, ainsi qu’à Beddaoui, au Liban-Nord.


L’incitation au génocide de l’actrice libanaise a provoqué une controverse généralisée au Liban. Malgré que des personnalités de premier plan dont le journaliste Hisham Haddad se soient manifestés en appelant à poursuivre Soha Kikano, il convient d’interroger la plateforme twitter quant à l’application de sa politique en matière de conduite haineuse. En un tweet, Soha Kikano se rend coupable, selon les termes des règles de Twitter de menaces violentes, souhaits de blessures graves visant une personne ou un groupe de personnes, références à des meurtres de masse.


En matière de droit international, Soha Kikano, si l’on se réfère à la « Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide » adoptée le 9 décembre 1948 à l’Assemblée Générale des Nations Unies, se rend en plus coupable du crime d’« incitation au génocide ». L'article III de la Convention stipule que « l'incitation directe et publique à commettre le génocide » est un crime. Il n'est pas nécessaire d'apporter la preuve du résultat pour que le crime ait été commis ; le simple fait qu'il puisse potentiellement encourager la violence génocidaire suffit. Cette distinction permet de rendre la loi préventive plutôt que réactive.


Le 2 août, Soha Kikano qui a retiré son tweet face au tollé général, poste une vidéo où elle rend hommage à la Palestine.


Cela suffira-t-il à la dédouaner ?


Hanan Zahouani, coprésidente du CDM - Citoyens contre les Discriminations dans les Médias et animatrice radio Parler Femmes